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Christian

42 ans

​Bonjour Christian, merci d'accepter de discuter avec nous aujourd'hui. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ta vie avant de te retrouver à la rue ?

Christian : Salut. Avant, j'avais une vie plutôt normale. J'étais chauffeur de bus, j'ai fait ça pendant presque 20 ans. J'avais un appart', un petit studio. Je ne roulais pas sur l'or, mais je m'en sortais. Les choses allaient bien, tu vois ? Puis, un jour, tout a basculé.

Qu'est-ce qui a causé cette chute ? Comment t'es arrivé là ?

Christian : Ça s'est fait petit à petit. J'ai perdu mon travail. Ils ont réduit les effectifs, et je me suis retrouvé dehors sans préavis. J'ai cherché du taf, mais sans succès. Le chômage, ça aide un peu, mais pas assez pour tout payer. Les loyers ont commencés à s'accumuler, et un jour, j'ai reçu un avis d'expulsion. J'ai pas eu le choix, j'ai dû quitter mon appartement. Et voilà, je me suis retrouvé dans la rue.

Comment as-tu vécu cette transition ? Qu'est-ce qui a été le plus dur pour toi ?

Christian : C'était un choc. J'avais jamais imaginé me retrouver dans cette situation. La première nuit dehors... tu te sens comme un animal, tu cherches un coin tranquille, mais il y en a pas. Tu dors d'un œil, t'as toujours peur qu'on te pique tes affaires ou qu'on te fasse du mal. Mais ce qui m'a vraiment cassé, c'est le regard des gens. Ils te regardent comme si t'étais plus un être humain, comme si t'étais transparent. Ça, ça te bouffe de l'intérieur.

Est-ce que tu as pu trouver de l'aide, un peu de soutien, pendant ces moments-là ?

Christian : Ouais, j'ai fini par aller dans un centre d'accueil. C'est pas évident d'y aller, t'as une fierté, tu veux pas montrer que t'es à terre. Mais à un moment, t'as plus le choix. Là-bas, j'ai rencontré d'autres personnes comme moi, et ça m'a aidé à tenir le coup.

Qu'est-ce que tu espères pour l'avenir, Christian ?

Christian : Honnêtement, j'espère juste pouvoir me relever un jour. Avoir un toit sur la tête, ça serait déjà un grand pas. Un endroit à moi, même si c'est tout petit, pour pouvoir souffler et me sentir en sécurité. Peut-être trouver un petit boulot, quelque chose qui me permettrait de redevenir un peu indépendant. Mais pour l'instant, je me concentre sur la journée qui vient. Demain, c’est loin, quand t’es dans la rue.

Si tu pouvais passer un message à ceux qui vont lire cette interview, qu'est-ce que tu leur dirais ?

Christian : Je leur dirais de ne pas oublier qu’on est tous des humains, avec une histoire. Personne n'est à l'abri de se retrouver dans cette situation. La rue, ça peut arriver à n'importe qui, et quand t’y es, t’as besoin de la solidarité des autres pour t'en sortir. Un sourire, un mot gentil, un café offert… des petites choses, mais qui font un bien fou. N’oubliez pas qu’on existe, même si on n’a plus de toit.

Merci beaucoup, Christian, pour ton témoignage. Ton histoire est précieuse, et j'espère que notre initiative « Paroles d'invisibles » aidera les gens à mieux comprendre la réalité de ceux qui, comme toi, vivent dans l'ombre.

Christian : Merci à vous de m'avoir donné la parole. Ça fait du bien de parler, de se sentir écouté. Peut-être que ça fera réfléchir certains.

Tous les témoignages présents dans le cadre de l'initiative Paroles d'invisibles sont modifiés afin d'être davantage compréhensibles. 

Christian
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